ENSEIGNEMENT 9 : La multiplication des outils ou la menace d’une formation perpétuelle au numérique
La duplication des outils numériques dans le milieu professionnel et la menace d’une formation perpétuelle au numérique constituent un enjeu double face pour les salariés et les organisations.
Outils numériques au travail : promesses et pressions
D’une part, l’augmentation de l’accès et de l’utilisation des outils numériques promet une amélioration de la réactivité, de l’autonomie, et de l’efficacité au sein des équipes, en facilitant la gestion des urgences et en offrant de nouvelles possibilités d’évolution professionnelle.
D’autre part, cette même prolifération impose une charge mentale et psychique accrue, exacerbée par une surabondance d’informations et une gestion simultanée d’activités parallèles, menant à un sentiment de débordement, de stress et à une dégradation de la coopération entre collègues. Les effets négatifs sont particulièrement marqués chez les jeunes salariés, qui se sentent plus stressés et submergés. Au sein des équipes cette pression est décrite par les salariés observés comme reposant sur un unique salarié meneur et dépositaire de connaissances.
Équilibre entre numérique et bien-être au travail
Face à cette réalité, les stratégies d’auto-régulation et les initiatives d’entreprise pour gérer l’hyperconnexion et favoriser un usage raisonnable des outils numériques deviennent cruciales. Cette situation met en exergue la nécessité d’une adaptation continue aux outils numériques, soulignant la menace d’une formation perpétuelle au numérique, tout en appelant à un équilibre entre les bénéfices de la digitalisation et le bien-être des salariés. La maîtrise de cet impact et la mise en place de mécanismes de régulation sont indispensables pour préserver la qualité de vie au travail et assurer une intégration harmonieuse des outils numériques dans les pratiques professionnelles.
Que ce soit à travers nos observations ou les retour d’expérience, cette pression de la mise à jour permanente des compétences est présente dans les structures de l’économie sociale et solidaire. Qu’elles viennent des dirigeants, des bénéficiaires, des financeurs ou directement des mises à jour logiciels, la pression de la montée perpétuelle en compétence est ressentie comme une contrainte et une sorte de menace. La mise en place d’un nouveau logiciel métier peut paraître une remise en question pour un professionnel expérimenté.
Mélange de manque de formation, de résistance culturelle et d’incompréhension, cette pression est présente dans les structures les plus avancées comme les moins avancées. Certains salariés d’une structure très avancée ressentent une certaine pression et urgence à rester une référence pour des bénéficiaires jeunes qui grandissent au fur et à mesure que les technologies évoluent. D’un autre côté les salariés du Centre Social Georges Brassens qui vivent la numérisation progressive de leur activité ne se sentent pas accompagnés dans leur montée en compétences. La transmission de connaissance entre pairs n’est pas ressentie et valorisée comme une réelle formation.
La pression de la montée en compétences numériques ne doit pas être subie mais doit être prise en compte par les directions. Informer et accompagner les salariés tout au long de leur carrière apparaît comme une nécessité que ce soit dans les structures avancées ou en cours de numérisation.