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ENSEIGNEMENT 3 : Les fonctions numériques vitales dans les organisations de l’ESS

Par Alisea Dumery | 29 février 2024

Le secteur de l’ESS vit comme tous les secteurs professionnels une transition numérique rapide depuis plusieurs années. Cette transition parfois forcée des organisations de l’ESS induit des injonctions à l’usage de numérique dans les métiers et dans l’organisation des structures observées.

Les fonctions supports

Les structures de l’ESS repose sur un modèle économique fragile et dépendent largement des appels à projets et à manifestation d’intérêts, ces appels à projet sont devenus depuis quelques années intégralement dématérialisés. En effet, la diffusion des appels à projets, les documents d’information ainsi que les dépôts de projets se font intégralement en ligne.

Ce changement majeur implique que les structures de l’ESS doivent toutes intégrer au moins une personne en capacité de maîtriser les outils numériques afin de réaliser les dépôts de projet. Dans certaines structures observées, cette compétence n’est maîtrisée que par le directeur ou une seule personne au sein de l’organisation. Cela a comme principale incidence, que ces personnes deviennent indispensables à la survie de la structure et sont soumises à une charge de travail importante.

Une autre fonction vitale apparaît lors des observations réalisées, il s’agit des personnes en charge des plannings, ces derniers sont maintenant dématérialisés et la coordination des équipes nécessite la maîtrise des outils numériques (suite google, suite microsoft office etc).

Les facilitateurs / médiateurs numériques

Une partie des structures de l’ESS observées disposent de ressources de médiation numérique à destination de leurs bénéficiaires. Ces ressources humaines peuvent être des conseillers numériques internes ou mis à disposition par d’autres structures.

Cependant, si des médiateurs numériques sont présents dans certaines des structures observées, ces derniers sont peu identifiés en interne comme une ressource mobilisable pour les problématiques numériques internes. En effet, l’action de ces derniers est toujours tournée vers les bénéficiaires externes. 

Cette logique s’explique principalement par les impacts que les structures de l’ESS souhaitent produire. L’objectif de ces structures est d’avoir le maximum de bénéficiaires extérieurs accompagnés afin de garantir aux financeurs un bon rendement. Les financements de ces postes vont également dans ce sens. En effet, le financement des postes de conseillers numériques est souvent soumis à des objectifs quantitatifs (x nombre d’EPCI accompagnés etc), ces injonctions ne permettent pas de libérer du temps pour répondre aux besoins internes.

Lors des observations menées, jamais un facilitateur numérique interne ou externe n’est mobilisé pour résoudre un problème numérique, c’est en général un collègue de confiance qui résout le problème ou le supérieur hiérarchique (voir fiche 1). 

Les observations menées permettent de mettre en évidence que les financements engagés par l’Etat depuis la crise sanitaire sur l’inclusion numérique, n’ont pour l’instant pas permis la montée en compétence en interne dans le monde de l’ESS.
En résumé, les fonctions numériques essentielles reposent sur peu de personnes au sein des organisations de l’ESS, cette précarité de compétences mène à une forte fragilité des modèles d’organisation de ces structures.

Un numérique sous-valorisé

Les dirigeants des structures observées mettent à disposition de nombreux outils souvent peu mobilisés par les salariés de la structure par manque de temps, de compétences et de volonté. Cela s’explique par de nombreux facteurs comme la non-reconnaissance des compétences numériques comme essentielles par les travailleurs de l’accompagnement ou encore la non-volonté de prendre en compte des nouveaux outils qui déstabilisent les habitudes de travail établies de longue date.

La transition numérique est souvent mal fléchée. En effet, les directions des structures de l’ESS se retrouvent démunies face à la charge de travail à laquelle elles sont confrontées. Ces dernières se tournent vers le numérique comme un recours pour répondre à cette problématique. Cependant les salariés eux ne sont pas formés à ces outils numériques (plateforme de dépôt, outil de facturation) et ne peuvent donc pas assumer cette nouvelle charge de travail numérique. Cela ajoute in fine une couche complexe à l’organisation des structures de l’ESS.

Les fonctions numériques vitales sont donc facilement identifiables à travers les observations menées, les salariés ne sont pas toujours formés et adaptés à ces fonctions. Nous imaginons les solutions suivantes pour résoudre ce problème : 

  • Mettre à disposition des facilitateurs spécifiques au sein de ces organisations qui disposent de compétences dans le numérique et d’une connaissance fine des organisations de l’ESS
  • Créer des formations spécifiques pour les salariés de l’ESS.